Un post rebelle, inspirant et récent de Nicolas Colin, qui tente de définir la biosynthèse d'un écosystème entrepreneurial, soulève de nombreuses réflexions.
La première tient à la définition même d'un écosystème. Le concept est utilisé à toutes les sauces et devient un peu horripilant, à la limite même du cliché. C'est vrai. On peut penser voire espérer aussi qu'il soit vite périmé comme "Préfiguration" ou d'autres acronymes anglicisés.
Effectivement, Wikipedia nous propose une origine écologique du concept, "un écosystème est l'ensemble formé par une association ou communauté d'êtres vivants (ou biocénose) et son environnement biologique, géologique, édaphique, hydrologique, climatique, etc. (le biotope)."
Le terme met en valeur ainsi une interdépendance entre la communauté et ses membres, naturelle et qui permet en quelque sorte la vie de tous. L'existence d'un écosystème est donc vitale, son équilibre doit être garanti.
L'emploi de ce concept en économie est aussi retenu par Wikipedia. Ainsi, "l'écosystème signifie un ensemble d'entités : organisation, entreprises d'un secteur ou une filière donnée et leurs parties prenantes (client, employés, fournisseurs, sous-traitants, pouvoirs publics), qui ont en commun un projet de développement ambitieux dans le temps, moyennant l'engagement par chaque partie d'honorer des engagements prédéfinis vis-à-vis des autres". Cette définition évoque une forme de contrat social entre acteurs qui rend du coup l'utilisation du terme écosystème beaucoup plus prudente. Je ne sais pas si cette définition est compatible avec les contraintes du Droit de la Concurrence, mais elle me paraît un peu trop contractuelle.
Personnellement, je ne pense pas qu'il y ait un écosystème entrepreneurial universel dans un pays. Il y a sûrement dans un pays donné
une communauté entrepreneuriale avec ses leaders et ses figures emblématiques, ses multi récidivistes, ses belles histoires et ses échecs mais pas un écosystème.
Pour moi, un écosystème se rapproche plus d'un secteur ou d'une filière. Il y a, à mon sens, un écosystème de la Grande distribution, des services financiers, des agences web, des Biotechs, du Digital Publishing et d'autres encore. Ces écosystèmes regroupent ainsi chacun leurs entrepreneurs, leurs start ups, leurs ETI et GE, leurs associations, les académiques qui sont leurs lieux de formation ou leur contributeurs en R&D, leurs fournisseurs et leurs clients. Le Framework des 5 Forces pourrait être utilisé pour en définir le périmètre. Les pouvoirs publics en font partie, du moins en France et par pur Colbertisme. Mais la notion de Pouvoirs Publics regroupe elle aussi de multiples acteurs qu'il faudrait différencier dans l'analyse : Ministères, Agences, Collectivités Locales,... Leurs actions non coordonnées par l'Etat peuvent aussi perturber à mon avis un écosystème ou le favoriser.
Dans un même pays, les performances des écosystèmes sont différentes. J'ai ainsi parfois l'impression que les performances des Biotechs en France sont positives et que, par exemple, cet écosystème est performant. D'autres me paraissent plus instables.
Quelles pourraient être les raisons et les causes d'un écosystème performant en termes de valeur créee et a contrario celles d'un écosystème défaillant ?
Le niveau de concurrence historique par exemple peut être déterminant. Une concurrence historiquement virulente, des mécanismes peu développés de coopération technologique, une faible coopération en R&D souveraine sur un secteur donné sont pour moi des causes claires de non performance d'un système. L'absence de mécanisme de coopération sans parler de lieu en est une aussi.
En revanche, l'existence de mécanismes de coopération entre anciens et nouveaux, entre GE et Start Ups mais aussi entre ETI et start ups est positivement déterminante pour un écosystème sain et dynamique. La coopération technologique autour de standards est pour moi une clef.
Pour autant, à ce sujet, on peut, je pense, se plaindre d'absence de méthodologie économique pour développer ces coopérations, notamment les liens ETI / Start ups qui ne sont conceptuellement décrits par personne. Il faut aller plus loin qu'un Small Business Act ou qu'une logique Achats sur ce sujet. Les ETI sont nativement axés sur l'opérationnel par un effet de taille et leurs collaborateurs ont peu de temps pour des initiatives entrepreneuriales avec des Start ups. Sujet à défricher.
Enfin, je pense aussi qu'il faut rendre hommage aux équipes des différents clusters et notamment des pôles de compétitivité, lesquelles, patiemment, essayent de tisser des liens entre acteurs d'écosystèmes différents. Ce n'est en effet pas simple de coordonner tant d'acteurs aux perspectives différentes.
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